“Terreur d’Etat” : reportage
sur le Centre

Du lundi 5 au jeudi 8 décembre 2016 à 17 heures, France Culture a diffusé dans l’émission “La série documentaire” quatre documentaires radio d’une heure réalisés par Nicolas Joxe et Christine Diger.

Cette série intitulée « Terreur d’Etat » se propose d’explorer les stratégies de répression que des gouvernements mettent en place afin d’éliminer toute contestation politique ou sociale.

Ce travail met en avant la situation de deux pays très différents, la Colombie et la Syrie, dont les Etats sont impliqués dans des crimes de masse contre leurs peuples. Malgré les menaces et la violence de leur gouvernement, ces populations résistent et luttent contre les disparitions forcées, la torture, les exécutions extra-judiciaires, les massacres. Des femmes et des hommes témoignent de l’horreur, se battent pour que ces crimes cessent et ne demeurent pas impunis.

> Ecouter le reportage sur le Centre Primo Levi :

Terreur d’état (4/4) : Le Centre Primo Levi, vivre après la torture

Soigner les âmes et les corps torturés. Paroles de thérapeutes.

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A Paris, le Centre Primo Levi vient en aide aux rescapés du terrorisme d’Etat, aux victimes d’arrestations arbitraires et de torture. Si l’on ne peut guérir des séquelles de la torture, il est possible d’apprendre à vivre avec en maîtrisant les effets du traumatisme. Ce documentaire tourné aux côtés de l’équipe du centre Primo Levi aborde la question de la lente et difficile reconstruction des victimes. Médecin, psychothérapeute, assistant social. Les membres de l’équipe du Centre nous livrent leurs expériences, nous racontent leurs relations avec leurs patients, nous confient les difficultés de leur travail mais aussi les joies et la beauté des rencontres avec les survivants.

> Ecouter les trois précédents reportages de la série “Terreur d’Etat” :

Terreur d’état (1/4) : Syrie, la grande prison

La machine à tuer des prisons de Bachar el Assad.

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En mars 2011, la révolution éclate en Syrie. La population sort dans les rues pour exiger la fin de la dictature. Des dizaines de milliers de manifestants sont raflés dans toutes les villes du pays. Les images tournées par des activistes et mises en ligne sur internet témoignent d’arrestations massives par les forces de sécurité du régime de Bachar el Assad. Que sont devenus ces femmes, ces hommes, ces enfants ? En 2016, après six années de conflit, on estime à plus de 80 000 les syriens victimes de disparitions forcées. Les témoignages se sont accumulés sur les prisons du régime. En janvier 2014, un déserteur de la police militaire du régime rend public plus de 50 000 photographies montrant les corps de prisonniers torturés à mort dans la région de Damas. Des clichés qui prouvent que ces prisons se sont transformées en centres d’extermination des détenus. Grâce aux témoignages de rescapés des prisons syriennes, c’est un voyage dans cet archipel de la torture qui est proposé ici.

Terreur d’état (2/4) : Colombie, l’impunité des crimes paramilitaires

L’alliance macabre de l’armée colombienne avec des escadrons de la mort.

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Le 26 septembre 2016, le gouvernement colombien et la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) signaient un accord de paix pour mettre fin à plus d’un demi-siècle de conflit armé. Une guerre longue et particulièrement cruelle pour la population. Si les crimes de la guérilla sont connus, ceux commis par les forces de sécurité alliées à des groupes paramilitaires d’extrême-droite sont bien souvent méconnus. Ils représentent pourtant les deux tiers des violations des droits de l’Homme commis dans le pays. Car, sous prétexte de lutter contre les groupes rebelles, ces paramilitaires ont commis des crimes de masse : Massacres de paysans, assassinats de leaders populaires et de syndicalistes, disparitions forcées d’opposants politiques. Ces violations des droits de l’Homme ont été commises grâce à la complicité de larges secteurs de l’appareil d’Etat et de la classe dirigeante colombienne. Comment ces escadrons de la mort sont apparus ? Quels étaient les objectifs de la politique de terreur de ces groupes paramilitaires ? Ce documentaire se propose d’explorer cette violence d’Etat.

Terreur d’état (3/4) : Colombie : le combat des victimes du paramilitarisme

Construire la paix, exiger la justice

Depuis les années 90, les victimes des groupes paramilitaires d’extrême-droite se mobilisent pour obtenir justice. Depuis la signature des accords de paix entre la guérilla et le gouvernement colombien en septembre 2016, elles exigent que ces crimes d’Etat ne soient pas oubliés. Pendant près de trente ans, sous couvert de combattre les guérillas, l’armée colombienne à mené une « sale guerre » contre les partis politiques de gauche et les organisations populaires. Notre documentaire se propose d’aller à la rencontre de ces femmes et de ces hommes en résistance. Jouissant de la complicité de l’armée, les paramilitaires sont allés jusqu’à construire des fours crématoires pour faire disparaître les corps de leurs victimes. Le journaliste Javier Osuna a enquêté sur ces centres d’extermination. En 2015, il publie un livre « Tu me parleras du feu, les fours de l’infamie ». Son appartement est incendié, il reçoit des menaces de mort, il vit depuis sous protection. Dans les années 2000, l’armée colombienne a exécuté près de 6000 jeunes pour les présenter comme des guérilleros morts lors de combats. Ce massacre est connu en Colombie comme le scandale de Falsos positivos, des faux positifs. Ces assassinats de civils avaient pour objectif d’améliorer les résultats des unités de l’armée pour permettre l’avancement d’officiers supérieurs. Aujourd’hui, les mères de Soacha, une banlieue de Bogota, dont les enfants ont été exécutés par l’armée se battent pour obtenir justice et dénoncent les menaces dont elles sont l’objet. Les accords de paix signés entre la guérilla et le gouvernement prévoient de mettre en place une Commission de la vérité et un Tribunal spécial pour la paix comptant des magistrats étrangers qui devra juger tous les responsables de crimes commis par la guérilla mais aussi les forces de sécurité et les civils ayant soutenu les groupes paramilitaires. Cette justice transitionnelle pourrait dévoiler les liens unissant des secteurs de la société colombienne avec les groupes paramilitaires. Pour éviter que cette vérité ne soit mise à jour, l’ancien président Alvaro Uribe Velez, accusé de liens avec les paramilitaires, mobilise une partie de la population pour combattre l’application des accords de paix.