Offrez un lit (ou un peu de votre temps) à une personne exilée

C’est un fait : le manque de places dans les Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) était déjà critique avant que le nombre de demandes se mette à augmenter (79 000 en 2015 contre 60 000 environ les années précédentes). Aujourd’hui, ce sont donc environ 44 000 personnes venues chercher refuge en France qui, dans le meilleur des cas, sont hébergées chez des compatriotes, et dans le pire des cas, luttent chaque jour pour trouver un hébergement d’urgence au 115 et finissent souvent par dormir sur les places publiques ou dans des squats…

44 000 hommes et femmes exilés, principalement seuls mais aussi parfois avec enfants, qui attendent une place en CADA tant que dure leur procédure d’asile. Et la situation perdure souvent au-delà de la demande d’asile : si par chance ils obtiennent le statut, ils n’ont plus leur place en CADA et n’ont en général pas encore la possibilité financière de se trouver un logement stable. S’ils n’obtiennent pas le statut, ils n’ont plus non plus leur place en CADA et les centres d’hébergement d’urgence deviennent leur unique solution de repli – s’ils ne sont pas immédiatement renvoyés dans leur pays.

Au fil des expulsions de campements qui se sont enchaînées depuis l’évacuation du Pont de la Chapelle en juin 2015, nous constatons l’insuffisance de l’État en matière de prise en charge. En septembre dernier, des étudiants en Master de droit ont décidé que nous ne pouvions pas rester inactifs face à ce drame. Ils ont créé l’association « Réfugiés bienvenue », en référence au mouvement « Refugees welcome » né peu avant en Allemagne. L’idée est simple : faire l’intermédiaire entre des personnes exilées (quel que soit leur statut) et des citoyens prêts à offrir une chambre, un appartement ou un coin de canapé pour la durée de leur choix.

Si pour l’instant, le coût des charges revient à la personne hébergée et les frais de nourriture et de transport à des associations de soutien, l’équipe de Réfugiés bienvenue travaille en ce moment sur la possibilité de faire financer ce mode d’hébergement par les pouvoirs publics. « Cela garantirait un revenu aux hébergeurs ; un hébergement pour les demandeurs d’asile dans le besoin et surtout un meilleur vivre ensemble ! »

Certains patients du Centre Primo Levi ont déjà pu être hébergés chez des particuliers par l’intermédiaire de Réfugiés bienvenue, et des liens déjà forts ont pu être noués. Une assistante sociale du Centre a vu Suleiman, un patient de 25 ans, arriver à son rendez-vous avec un sourire jusqu’aux oreilles (lui qu’elle n’avait jamais vu sourire), et s’empresser de dire : « C’est la première fois que je me sens accueilli en France ».

En plus de l’hébergement, l’association d’étudiants propose aussi maintenant une solution de parrainage : si vous n’avez pas de chambre disponible, vous pouvez aussi offrir de votre temps pour faire découvrir la ville à l’une de ces personnes, l’aider à s’intégrer culturellement et socialement, etc. Le plus souvent, l’intégration dans la société française est autant une envie qu’un besoin et là encore, cela représente une possibilité d’enrichissement des deux côtés.

Si cette aventure vous tente, retrouvez toutes les informations et le formulaire de contact sur leur site http://refugiesbienvenue.com !